Elle cachait quelque chose.
Dès son entrée dans le hall on l'a sentie perdue. Elle avait cette façon de déambuler propre à ceux qui viennent d'autre part. Le nez en l'air, visiblement impressionnée par la hauteur et les fresques du plafond, elle cherchait désespérément à poser son regard sur un élément familier. Pour sûr, elle n'était pas d'ici.
Elle s'approcha du comptoir d'accueil et demanda dans un mauvais français le bureau des écoles. Elle voulait inscrire son fils en primaire. Elle me dit que c'était important pour son avenir et ...
Je ne la laissais pas finir son laïus et lui demandais si elle avait les documents requis : avertissement d'impôts, preuve de domicile, papiers d'identité et j'ajoutais malicieusement carte de séjour.
Panique !
Elle était équatorienne et m'avoua illico qu'elle était clandestine. Peut-être pensait-elle m'amadouer (tiens, c'est amusant : Mamadou ... er).
Les consignes sont claires, les circulaires non moins. Tout étranger en situation irrégulière doit être arrêté et expulsé. Je lui indiquais tout de même le bureau des écoles. Il faut savoir faire preuve d'humanité devant la détresse.
Dès qu'elle quitta la mairie, je me mis en relation avec la préfecture. J'avais assez d'éléments pour étayer ce dossier.
Demain, elle serait convoquée.
